Le dernier jour de ma vie by Oliver

Auteur:Oliver
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hachette Jeunesse

Tara et compagnie se paient toujours la tête d’Irma quand nous quittons le parking de la Villa.

— Je n’arrive pas à y croire, répète en boucle Courtney, qui ne me lâche pas des yeux comme si je risquais de disparaître soudain. Je n’arrive vraiment pas à y croire !

Elles m’ont laissé la place à l’avant sans que j’aie à la réclamer. Je m’autorise un petit sourire en me tournant vers la vitre ; le reflet que j’y croise me surprend : de grands yeux sombres, charbonneux, une bouche pulpeuse, rouge. Puis je me souviens de ma séance de maquillage chez M.A. C. L’espace d’une seconde, je ne me suis pas reconnue.

— Tu es incroyable, ajoute Tara.

Presque aussitôt elle abat les mains à plat sur le volant et jure parce que nous venons de rater le feu vert.

— N’exagère pas, dis-je en accompagnant ma réplique d’un geste vague.

Je me sens plutôt bien. Et je suis presque contente de m’être disputée avec Lindsay ce matin.

— Oh ! non, souffle Courtney avant de me taper sur l’épaule pour attirer mon attention sur l’énorme 4 × 4, qui vibre sous l’effet des basses de sa sono et qui s’arrête juste à côté de nous.

En dépit des températures glaciales, toutes les vitres sont baissées : je reconnais les types en fac de la Villa, ceux qui nous ont reluquées plus tôt. Qui m’ont reluquée. Ils se chamaillent en rigolant – l’un d’eux s’écrie : « Mike, tu es une vraie gonzesse ! » –, tout en feignant de ne pas nous voir, comme le font les mecs quand ils meurent d’envie de regarder justement.

— Ils sont trop canon, lance Tara, se penchant vers moi pour avoir une meilleure vue avant de se redresser aussitôt derrière le volant.

— Tu devrais leur demander leur numéro.

— T’es folle ! Ils sont quatre !

— Leurs quatre numéros alors.

— Tu as raison.

— Je vais leur montrer mon soutif, dis-je, soudain frappée par le génie de cette idée.

Je vais le faire, je n’hésiterai pas. C’est tellement plus simple que de me poser éternellement la question : « Peut-être que je devrais », ou : « Et si on avait des ennuis », ou : « Oh, mon Dieu, je n’oserai jamais. » Oui. Trois lettres. Je me tourne vers Courtney :

— Tu me mets au défi ?

Ses yeux menacent une nouvelle fois de sortir de leurs orbites. Tara et Bethany me fixent comme si des tentacules venaient de pousser à la place de mes bras.

— Tu n’oseras jamais, répond Courtney.

— Tu ne peux pas faire un truc pareil, ajoute Tara.

— Je peux, j’ose et je vais le faire.

Je baisse la vitre et la gifle de l’air glacé me prend par surprise, anesthésiant mon corps entier, si bien que je ne le sens plus que par endroits : un coude qui cogne ici, une cuisse contractée par une crampe là, des doigts parcourus de picotements ailleurs. La musique qui se déverse de la voiture des garçons est si forte qu’elle m’écorche les

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